Le Centre de civilisation française et d’études francophones de l’Université de Varsovie, la Faculté de sciences politiques et d’études internationales de l’Université de Varsovie ainsi que la Faculté de philosophie de l’Université de Varsovie en coopération avec l’École Normale Supérieure rue d’Ulm vous invitent à la rencontre dans le cadre du séminaire d’Actualité critique.
Le rôle de la religion dans les relations internationales. Une réflexion basée sur l’analyse de la région du Moyen-Orient
Paulina Warsza (Faculté de sciences politiques et d’études internationales de l’Université de Varsovie)
le mardi 25/04/2023
16h45-18h15
La rencontre, en polonais, se tiendra en ligne : inscriptions seminarium.okf@uw.edu.pl
Veuillez noter que la réunion est enregistrée. L’enregistrement sera utilisé à des fins scientifiques. La participation à la rencontre équivaut à donner son consentement.
Descriptif
Les événements, y compris les conflits, dans la région du Moyen-Orient sont très souvent présentés comme motivés par l’ethnie et la religion, en particulier dans le contexte de la dénomination de l’islam – le conflit chiite-sunnite est présenté comme un “combat pour l’âme de l’islam”. On ne peut nier que ce récit est également évoqué par certains habitants de la région ; versions philosophiques, théologiques et alternatives d’une histoire commune s’y concurrencent. Ce conflit est une réminiscence des luttes tribales et ethniques historiques, apparemment archaïques, mais pourtant si vitales au Moyen-Orient. La rivalité chiite-sunnite prend souvent des formes aussi féroces et sanglantes, car ses participants, à leur avis, se battent pour la foi et l’identité, et donc des impondérables qui ne peuvent être niés, négligés ou abandonnés même au nom de la paix.
Pour les spécialistes de la région, la réponse aux défis épistémologiques et ontologiques ci-dessus peut être le « tournant mésopotamien » postulé dans les relations internationales ; c’est-à-dire la transdisciplinarité et l’interdisciplinarité dans l’étude de la politique et des cultures des sociétés non-européennes et l’utilisation d’ontologies d’autres disciplines des sciences sociales, p. ex. études régionales/aria studies ; permet de traiter l’identité, y compris l’identité religieuse, comme une variable à part entière de la science politique et des relations internationales. Cela permet de constater que des approches théoriques telles que l’orientalisme/orientalisation, le primordialisme, l’ethno-symbolisme, apparemment dévalorisées, restent encore courantes, d’où l’appel à la justice épistémologique. Un exemple clair des dilemmes des chercheurs est la discussion sur l’utilité cognitive du terme sectarisme : appréciation des catégories ethniques et religieuses, les présentant en termes d’identités totales, croyance essentialiste et réductionniste dans le caractère unique du Moyen-Orient en termes de structure sociale, résultant en des catégories artificielles, imposées de force aux sunnites, chiites, kurdes, etc. dont les identités de groupe sont “réelles” et éternellement valables. De même, des explications « exemplaires » sont données aux processus et phénomènes liés à l’identité nationale, au nationalisme et au statut d’État dans la région. Parmi les spécialistes et les sociétés de la région, les approches matérialistes sont plus populaires, comme le matérialisme structurel, oscillant autour des motifs pro et anti-impériaux des événements de la région.
Actuellement, la Théorie des Champs de Pierre Bourdieu, utilisée dans le cadre du « sectarisme », gagne en popularité parmi les spécialistes de la région : la réalité objective est co-construite par l’agent – l’habitus subjectif est une transposition des structures objectives des champs en actions et pensées subjectives de l’agent – il correspond au discours sur la causalité dans les relations internationales. Les élites politiques en Irak et au Liban ont perdu leur capital symbolique et ne contrôlent plus le discours identitaire. L’argument sera illustré par des exemples de la région.
Paulina Jagoda Warsza – doctorante à l’Université de Varsovie. Elle étudie l’identification nationale et culturelle au Moyen-Orient comme facteur des relations internationales.
Chercheure invitée au Middle East Centre, à la London School of Economics and Political Science et au Arab Centre for Research and Policy Studies au Qatar.
Elle a effectué un stage à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Programme de stages de l’OTAN 2017, Division des affaires politiques et de la politique de sécurité, Section Moyen-Orient et Afrique du Nord) et au Bureau de la sécurité nationale. Master en relations internationales, spécialisation : études sur l’Afrique et le Proche et Moyen-Orient. Diplômée d’études supérieures : Communication interculturelle dans le domaine de la sécurité internationale (UW/AON) et “Afrasia – Politique et culture dans les pays asiatiques et africains”, Institut des cultures méditerranéennes et orientales, Académie polonaise des sciences.
Champs de recherche : politique étrangère des États arabes, déterminants culturels des conflits armés contemporains, sécurité internationale dans la région MENA, religions dans le monde moderne, coopération civilo-militaire.