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7.05.2025 | La résilience, une technologie du consentement | Thierry Ribault

Le Centre de civilisation française et d’études francophones de l’Université de Varsovie vous invite au séminaire de recherche francophone en sciences humaines et sociales.

 

Le mercredi 7 mai 2025, de 17h à 18h30

La bibliothèque du Centre (salle 3.012, 55 rue Dobra, Varsovie)

 

La résilience, une technologie du consentement

dr Thierry Ribault (CNRS, Université de Lille)

 

 

Le séminaire a un caractère ouvert. Il se tient en français.

 

Biographie

Chercheur en sciences sociales au CNRS-Clersé-Université de Lille, Thierry Ribault est détaché à la Maison franco-japonaise de Tôkyô de 1994 à 1998, puis de 2009 à 2014. De 2013 à 2016, il est responsable scientifique du Laboratoire International Associé Protection humaine et réponses au désastre – Soin intensif en sociétés industrielles, en partenariat avec les universités de Fukushima et Doshisha à Kyôto. Lauréat du European Institutes for Advanced Study Fellowship Programme, il est invité, en 2016-2017, à l’Institut d’Études Avancées de Delmenhorst, en Allemagne. Il est co-auteur avec Nadine Ribault de Les Sanctuaires de l’abîme – Chronique du désastre de Fukushima, aux Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances (2012). Après dix ans d’enquête au Japon, il fait paraître Contre la résilience – À Fukushima et ailleurs, aux Éditions de L’Échappée (2021). Il prépare un nouvel ouvrage critique de la résilience, en collaboration avec le biologiste Olivier Hamant, à paraître aux éditions Odile Jacob en septembre 2025.

 

Résumé

Dans son travail relatif à la gestion du désastre nucléaire de Fukushima, Thierry Ribault décrypte une idéologie de l’adaptation des populations et du consentement à la catastrophe et à ses suites. L’analyse critique de la politique dite de « résilience nationale » à Fukushima – un « ministère de la résilience nationale » a bien été créé en 2012 au Japon –, permet de comprendre comment et pourquoi les politiques publiques prétendant répondre aux désastres du techno-capitalisme – des politiques anti-covid19 aux plans d’adaptation au changement climatique – s’inscrivent désormais dans cette nouvelle religion d’État qu’est la résilience.

L’État français a recours à cette notion pour développer ce qu’il appelle à son tour une politique de « résilience nationale » : une sorte de mobilisation citoyenne totale pour faire face à toutes les menaces. Comment les adeptes de la résilience en marche envisagent-ils de nous adapter aux catastrophes climatique, sanitaire et énergétique dans lesquelles nous nous trouvons ? Tout d’abord, par la fatalisation des désastres, qui permet de dénoncer leurs effets sans s’attaquer à leurs causes. Ensuite en rendant subjectives la responsabilité et la gestion des catastrophes qui deviennent des questions individuelles à régler avec soi-même, voire des problèmes relevant de la pathologie psychologique (la notion d’ « écoanxiété » illustre bien cette dérive). Enfin, en instaurant un gouvernement de la peur qui enjoint simultanément d’avoir peur tout en cessant d’avoir peur, afin de maîtriser la colère et la révolte qui pourrait en découler. Arme d’adaptation massive, sur fond de chantage à l’effondrement, et en tant qu’anti-résistance, la résilience est une technologie du consentement qui justifie le désastre comme le pendant inéluctable du progrès.